REPORTAGE AU JAPON : TORU YAMAGUCHI PAR ÉRIC LEJEUNE

Départ au Japon avec Éric Lejeune et Cécile Ostian, 1er dan, une de ses élèves. À l’aéroport de Tokyo -Narita, retrouvailles avec Alain Faucher, responsable TODOKAI-CANADA. Déplacement pour la rencontre annuelle avec
Toru YAMAGUCHI Sensei, 9ème dan de karaté shotokan, 72ans
. 
’âge de 18 ans, Toru Yamaguchi assiste à des cours de Funakoshi Sensei qui visitait les différentes universités. Cela lui donne l’envie de pratiquer le karaté.
Les entraînements de l’époque étaient inflexibles, intenses et techniques. La répétition d’un geste était de mise. Il fallait travailler fort, principe que Toru Yamaguchi va enseigner toute sa vie. Ça deviendra sa devise.

photo inedite toru yamaguchi equipe jka
Il sera compétiteur pendant dix-huit ans dont trois années à l’université. Il sera un compétiteur émérite : finaliste à la fois en kata et en kumité, et ce, pendant plus d’une décennie.
Il s’est retiré de la compétition active à l’âge de 42 ans. Au cours de sa carrière, il remportera 11 médailles au niveau international.
Yamaguchi Sensei a représenté la JKA dans plus de 120 pays lors de stages. Il est venu à sept reprises en France.
Il est un des derniers grands maîtres à avoir côtoyé FUNKOSHI SENSEI, ex-élève de la JKA, et fondateur de l’école TODOKAI.
nishiyama et shirai a ces coté

NAKAYAMA Sensei disait de lui :
« Les déplacements de Toru Yamaguchi suivent un rythme naturel et sont d’une brillante agilité ; ses techniques sont aussi tranchantes que la lame d’un sabre.
Induire son adversaire à bloquer une technique de pied, pour ensuite le prendre par surprise avec un coup de poing sauté n’est qu’un des exemples parmi une multitude d’enchaînements extrêmement difficiles à prévoir donc presque impossible à parer. Ces techniques semblent être générées de façon spontanée ; en réalité, elles résultent d’un calcul de toutes les possibilités de riposte de l’adversaire. Après plus de quarante ans de pratique, Sensei Yamaguchi est un expert parmi les experts. Sa faculté d’anticiper les mouvements de l’adversaire et sa capacité d’exécuter les techniques de façon appropriée et précise sont le résultat d’un entraînement régulier persévérant et cumulatif des techniques. »
arlez-lui de technique, et là, ses yeux s’illuminent et son coeur se met à battre plus vite. À 72 ans, sans faire de geste, il est capable de vous faire percevoir et éprouver les sensations de tel ou tel geste. Il a gardé intacte cette mémoire du corps et des subtilités du karaté
shotokan.

Dans son dojo à GOTENBA, ville au pied du FUJI SAN (Mont Fuji), Sensei nous fait partager sa passion pour le karaté. Le dojo n’est pas très grand, il doit mesurer 80 m2. Il est construit à l’ancienne, tout en bois. Il y règne une ambiance particulière. Au mur sont disposés les drapeaux des nations d’où sont originaires les karatékas qui se sont s’entraînés en ces lieux. Au sol, sont dessinées les marques des dachi (positions) : zenkutsu dachi, sanchin dachi…

Sur une plaque en bois, fixée au mur, sont gravés les trente-trois katas TODOKAI.

Le cours commence par le KION. Chaque geste est décortiqué par Sensei et son regard aiguisé. On recommence tant que cela ne lui convient pas.

Il peut à la fois être très rigide et très bon lorsque le geste a enfin été retransmis comme il le voulait. Alors il nous remercie et passe au suivant.
Puis le cours continue par les KATA. Là encore, chaque technique est reprise, décortiquée, expliquée, explorée, chaque déplacement analysé.
À chaque leçon, il nous donne des conseils pour corriger nos positions, les ressentir et approfondir notre KIME ainsi que notre vitesse. Cela paraît très laborieux, mais, après un moment de pratique, on sent une amélioration.


Retour à GOTEMBA. Le lendemain, visite du TEMPLE BLANC perché sur une colline face au FUJI SAN. Des sensations similaires de paix, de sérénité, de bien-être nous enveloppent. Des jardins féeriques, délicieux, divins. Des arbres taillés à la perfection, chacun a sa forme propre, donnée par le jardinier, qui dégage repos et apaisement. Nous discutons assurément du développement du groupe TODOKAI.


Ces deux semaines de découvertes et d’entraînements s’achèvent… Le séjour fut intensif et fort, entre le dojo, les visites des parcs, des temples, les longues, et passionnantes discussions quotidiennes avec TORU YAMAGUCHI Sensei.

Le dernier jour, une surprise nous attend. Sensei, autour d’une table, avec un air sérieux, nous annonce ma nomination : le titre de « CHIEF SHIDO IN » pour la France et le Maroc. Il me remet une lettre officielle me désignant chef instructeur de la NIHON DENTO SHOTOKAN KARATE RENMEI pour la France et le Maroc.

Quelque mois au paravant Alain faucher se voie remetre une caligrafie PAR YAMAGUCHI SENSEI .
Cette caligraphie lui avait et remiese par funakoshi sensei pere du karate moderne
calligraphie de Funakoshi Gichin O’sensei, datant de 1940, Yamaguchi Sensei m’a fait gardien d’un écrit de Gichin Funakoshi O’sensei.
Funakoshi O’sensei fut connu aussi comme un poète sous le nom de plume : Shoto. C’est pourquoi le karaté Shotokan vient du karaté que l’on pratiquait à la maison de Shoto.
Étant un poème, il est impossible de traduire mot à mot cette calligraphie. Nous devons la comprendre dans son ensemble. Je vais, humblement, tenter de transmettre la pensée de son auteur
.
Comme les vagues de l’océan venant se fracasser sur les récifs, Et inlassablement recommencent, Nos techniques de karaté doivent être exécutées avec la même rigueur et ténacité, Y mettre tout notre cœur et toute notre sincérité à chaque instant,
Je trouve qu’il m’a transmis une lourde tâche à savoir transmettre la tradition au sein de notre association Todokai. Mon rôle à l’avenir sera de promouvoir cette tradition et je vais mettre tout mon énergie afin d’y parvenir.
ette rencontre, avec l’un des derniers grands maîtres du karaté shotokan, m’a redonné le goût du travail et de l’effort, et surtout l’envie de continuer à enseigner pour faire vivre le passé, transmettre cette richesse et permettre à nos élèves aussi de connaître ce bonheur qui n’est pas simplement la victoire d’une médaille.
Merci Sensei.

Un KAMIDANA nous rappelle la relation des arts martiaux avec la religion shinto. Cet endroit est protégé par les kamis (âme des disparus).

Les entraînements étaient encadrés par Nakayama Sensei, Sigura venait et corrigeait. Ils avaient lieu au dojo central de la JKA : le Hombu Dojo, où Toru Yamaguchi y était également instructeur.




Et nous découvrirons la clé du succès.
Et s’est au tour de alain faucher que sensei donne les responsabilité des dojo dans le monde sensei prend sa retraite

Sensei ne désire pas développer un groupe d’importance mondiale ; il souhaite simplement que les dojos TODOKAI continuent à perpétuer le karaté shotokan comme lui l’a appris de NAKAYAMA Sensei, avec les valeurs techniques et morales, le respect des cinq principes du DOJO KUN.
Sensei est une véritable bible vivante. Il nous fait ressentir notre corps et préserve notre physique par la pratique du geste juste. C’est un grand bonheur, un grand honneur aussi. On se sent bien entouré.
L’instructeur chef de l’association, Yamaguchi Sensei, gradué du cours d’instructeur de la JKA et instructeur de renommé mondial, est décrit par Nakayama Sensei, dans le livre Best Karaté « Kumité 4 », comme un maître parmi les maîtres.
Il nous évoque la période lors de laquelle Funakoshi Sensei venait aux cours. Les deux dernières années de sa vie, le Maître était assis au bord du dojo et assistait à l’enseignement. Il donnait aux élèves des conseils que Yamaguchi Sensei mettra en pratique tout au long de sa vie.
Sur l'île des mers du sud,
Un art exquis est transmis,
C'est le Karaté.
A mon grand regret,
L'art a décliné
Et sa transmission est incertaine,
Qui voudra entreprendre
La tâche monumentale
De sa restauration et de sa survie ?
Cette Tâche, je dois l'entreprendre
Qui le ferait, si je ne le fais pas ?
Je regarde le ciel bleu ...
Gichin Funakoshi O'sensei
Quelques jours d’entraînement plus tard, nous allons nous recueillir sur la stèle de FUNAKOSHI Sensei, au temple de Kita Kamakura, à l’occasion de l’anniversaire de sa mort : 50 ans déjà.
Quand on demande à Yamaguchi Sensei ce qu’il pense de la politique du KARATÉ aujourd’hui, il ne s’étend pas sur le sujet. L’évolution du karaté ainsi que la scission, pour des causes politiques, de la JKA constituent une grande part de ses regrets. On le sent quand même très amère sur l’état actuel du karaté traditionnel.
Yamaguchi Sensei, en plus, de m’avoir fait le gardien de la calligraphie, m’a remis son livre sur les katas. Ce dernier explique sa vision et son approche.
La visite du parc est un moment intense de paix intérieure. Ce jardin, rempli de mille vibrations, d’autant d’espèces végétales et de couleurs, nous relie au passé noble à l’époque où les samouraïs venaient prier et s’y entraîner : un domaine magique.
